Isabela, Galápagos (Équateur)

Année 2 : Équateur & Colombie

1 mois [Hiver 2023-24]

Prologue en forme d’oiseau

Isabela, île du Pacifique dont la population s’élève à 2 200 habitants (certainement plus d’oiseaux que d’humains), est pour moi une source vive d’inspiration poétique :

Ornithologie

Je voudrais être peintre pour peindre
La lumière qui s’épanche sur les volcans boisés
Les pélicans dans la mangrove
Les noirs rochers et les iguanes noirs
 
Je voudrais être chantre pour chanter
Les vagues qui s’échouent dans un vaste fracas
Le large où il n’est point de silence
Les borborygmes des otaries
 
Mais je ne suis peintre ni chantre
Je suis poète
et par bonheur
l’île ne manque pas de plumes

Concha de perla

La vie sous-marine à Concha de perla ressemble aux dessins que je faisais quand j’étais petite fille. À cet âge où l’on colorie des poissons bariolés avec de belles nageoires et des yeux globuleux. À cet âge où l’on peut donner corps à des idées, simplement en les dessinant au feutre et au crayon de couleur. Des poissons couleur stabilo : jaune fluo, bleu fluo, vert fluo, rose fluo.

À Concha de perla, j’ai retrouvé mes dessins de petite fille. Ils n’ont pas bougé : le gros poisson à rayures marron et bleu fluo, le petit poisson jaune fluo, l’énorme poisson vert fluo à bords roses, l’imposante raie circulaire grise d’un mètre de diamètre, les élégantes raies mantas à pois blancs, le banc de petits poissons multicolores… Sans oublier les pingouins, les requins, les tortues géantes, les coraux, les anémones, les iguanes et les otaries !

Quand j’étais petite fille, je créais le monde en le dessinant. À présent, je le vois et il dépasse ma création.

Il ne faut pas imaginer le monde, mais le regarder de tous ses yeux.

La première fois

Je n’oublierai jamais la première fois :

  • Que j’ai nagé avec une tortue géante ;
  • Que j’ai dansé avec des raies mantas ;
  • Que j’ai mesuré un requin ;
  • Que j’ai joué avec une otarie dans les vagues ;
  • Que j’ai salué un pingouin (il semblait avoir chaud) ;
  • Que j’ai failli trébucher sur un iguane ;
  • Que j’ai senti le ventre de la Terre (ça sent le soufre) ;
  • Que j’ai mangé de la papaye fraîchement cueillie ;
  • Que j’ai essayé de me tenir debout sur une planche de surf ;

la première fois, c’était à Isabela.

Érosion

Combien de temps cette île restera-t-elle vierge ?

Combien de temps son sable immaculé ?

Combien de temps son sanctuaire inviolé ?

Je voyage lentement, mais je cours après le temps. Ou plutôt, c’est lui qui me court après.

L’érosion du tourisme de masse me poursuit où que j’aille, et elle finira par me rattraper. Un jour, les volcans seront sable et le sable sera poussière.

Épilogue en forme d’hommage

Sans lui, je ne serais pas venue ; j’ai voulu voir les îles qui ont inspiré son œuvre. C’est donc avec le grand naturaliste et penseur Charles Darwin que je conclus ce récit :

Voyage d’un naturaliste autour du monde

Quand j’ai débarqué sur l’île
à trente-trois ans
sœur aînée de celui
dont l’ombre plane
sur ce voyage
 
celui dont le navire
fait curieux
porte le nom d’un chien
 
partout
j’ai cherché sa trace
sur les becs
sur les pattes
dans les écailles et les cratères
 
j’ai déchiffré les mêmes roches
j’ai admiré le même règne
végétal et animal
dont l’origine est une
 
et sous son œil bienveillant
je ne me lasserai pas
d’explorer
le plus beau des livres

Mon bilan d’un mois et demi sur les îles enchantées :
Équateur : les îles Galápagos.

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3 réponses à « Isabela, Galápagos (Équateur) »

  1. Avatar de Yves RICHARD
    Yves RICHARD

    Merci beaucoup pour ce récit magnifique qui nous fait voyager par procuration.

    Aimé par 1 personne

    1. Avatar de Anne-Claire

      Tout le plaisir est pour moi ! Merci Yves pour vos encouragements, et un joyeux Noël !

      J’aime

  2. Avatar de Maxi
    Maxi

    Superbes photos.

    Aimé par 1 personne

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